Gaec de Saint-Avé, Deux chantiers en cours : recentrer les vêlages et préparer une retraite
À première vue, l'idée de valoriser l'herbe au moyen du vêlage saisonnalisé est séduisante. Dans le Finistère, les associés du Gaec de Saint-Avé à Plogastel Saint-Germain s'en inspirent depuis 2011 et ils ciblent des vêlages de printemps depuis 2021. Cependant, sa mise en œuvre peut demander du temps. Et le temps qui passe impose à son tour quelques défis nouveaux.
Tout d'abord, quelques vêlages sont encore étalés dans l'année et le trio s'interroge sur la pertinence de fermer la salle de traite en décembre. "Notre objectif vise une période de vêlages de toutes nos vaches au printemps. Pour l'instant 100 se déroulent sur février et mars, mais une trentaine d'autres s'étirent jusque fin mai," constate Cédric. Le cap est bel et bien fixé.
Ensuite, la retraite de l'aîné des associés est à envisager. "Par conséquent, il nous reste 3 à 4 ans pour trouver la manière de fonctionner à 2," dit Cédric qui désigne son oncle Philippe Stéphan qui deviendrait son unique partenaire.
Pâturage cohérent
Philippe Stéphan et son beau-frère Jean-Charles Tymen ont été cantonnés à 86ha jusqu'en 2021. Ils n'ont véritablement pu porter la surface à 116ha qu'à la faveur d'un agrandissement et d'un échange simultanés de cette reprise foncière correspondant à l'arrivée de Cédric. L'agrandissement porte de 32 à 62ha immédiatement accessibles aux vaches. Ce nouveau parcellaire contigu permet de poursuivre une conduite du pâturage cohérente et à moindre coût. Le passage en bio en 2019, encouragé par sa situation en bassin-versant, s'est déroulé sans rien changer au système, après une conversion de 18 mois.
Infatigable explorateur
Parallèlement, Cédric manifestait son souhait de s'intégrer au Gaec. En 2017, BTS en poche, il séjourne 2 ans et demi en Nouvelle-Zélande" en infatigable explorateur du 100% herbe" – tel qu'il se définit – dans 3 fermes différentes comptant de 650 à 1100 vaches. Il y acquière le goût pour la rationalisation du travail à laquelle contribue la fermeture de la salle de traite, "Je ne vois que des avantages au groupage des naissances", conclut-il. "L'opportunité de l'agrandissement a précipité mon retour".
Pourtant tout n'est pas totalement prêt pour suivre ce modèle. En effet, les choix de génisses de renouvellement opérés sur une trop longue période ont ensuite nécessité des ajouts de taureaux de saillie pour regrouper les vêlages.
Objectif 5000 à 5500 kg
L'inspiration herbagère d'abord portée par Jean-Charles est liée à des visites en Irlande comme en Angleterre en 2009, accompagnées par la technicienne de la Chambre d'Agriculture. En 2011, un déplacement en Nouvelle-Zélande a constitué un accélérateur de la réflexion. Ces initiatives ont provoqué un changement d'orientation génétique en vue d'une moindre production individuelle, mise à profit par un raisonnement plus général davantage axé sur le troupeau. L'envie de vaches qui sachent marcher et qui vieillissent plus aisément avait incité à un croisement Jersey suivi de Rouge Suédoise sur les Holstein initiales. Cédric résume : "Désormais, par soucis de simplicité et d’homogénéité du troupeau, le "trois voies" est abandonné au profit d'accouplements Jersey sur les frisonnes NZ en vue d'un poids adulte de 500-550kg."
À cause des choix du passé, les vaches sont aujourd'hui plus grandes que ce que l'on constate dans d'autres fermes animées par la valorisation maximale du pâturage. Elles sont encore traites 2 fois par jour, dans l'objectif d'une production 5000 à 5500 kg à l'âge adulte et sans concentré.
Semis sous couvert
Économe en intrants, le système majoritairement herbager sur sol léger s'appuie également sur 10-11ha de maïs ensilés sur quelques terres lourdes pour sécuriser le stock. Malgré une pluviométrie annuelle de 1200mm, les choix variétaux privilégient la résistance à la sécheresse qui se manifeste parfois dès le printemps sur les sols drainants et superficiels. À cette période, après maïs, les mélanges TV+TB+fétuque+plusieurs RGA sont semés par une ETA, sous couvert d'avoine ou de méteil. Ensuite, l'estimation du stock sur pied est considérée à l'aide de l'herbomètre une fois par semaine. Les vaches séjournent 24 à 48h par paddock. Les génisses ne les occupent pas plus de 4 journées en période peu poussante.
Maîtrise des charges
Les recherches de solutions résilientes sont motivées par l'inquiétude climatique ressentie par chacun des membres du trio. "Low cost, low risk", aime à répéter Cédric, surlignant ainsi la maîtrise des charges dans sa feuille de route. D'ailleurs, pour minimiser le risque, certaines parcelles pâturées entre novembre et début février ne sont plus visitées ensuite afin de les protéger du piétinement. Quoi qu'il en soit, le pâturage tournant de l'herbe cesse à Noël pour permettre de reconstituer du stock sur pied au printemps.
L'hiver, sur des surfaces destinées à un semis de maïs, l'enrubannage est distribué en balegrazing. Celui-ci est à la fois souple d'utilisation et sans soucis de transition alimentaire.
Annexes
Resultats technico-économiques
Main d'Oeuvre | 3 UTH | Précipitations | 1066 mm |
---|---|---|---|
Surface Totale | 116 ha | Surface pâturée | 100 ha |
Type de pâturage VL | Tournant dynamique | T MS / Ha / An | 7 à 9 Tonnes |
Tonnage entrée | 2,8 à 3 T MS | Tonnage sortie | 1,6 à 1,7 T MS |
Vaches traites | 130 | Races | Kiwicross et Red Norv |
Période vêlage | Février - mars | Durée des vêlages | 4 mois |
Détection chaleurs | Visuel | Date début IA | 28 Avril |
Date entrée taureaux |
| Taux gest. 6 semaines | 50% |
Cycle de traite | 2 par jour | Date fermeture SdT | 23 Décembre |
Lait / Vache | 5500 | TB / TP | 45 / 36 |
MB / 1000L | 510€ | MB/ Ha SFP Lait | 2347€ |
Vacances | 4 à 5 semaines /an | Week-End | 2 sur 3 |